Chapitre 1 : Résilience
"Debout !"
Aussi sec qu'un claquement de fouet, l'ordre resta en vain.
"J'ai dit : debout !"Cette fois ci, la sommation fut accompagnée d'un coup de pied dans les côtes qui arracha un grognement de douleur au jeune homme allongé au sol, le nez dans la poussière.
"Crois-tu donc que c'est ainsi que tu pourra défendre notre nation contre ces maudits pictes? Crois tu que c'est ainsi que tu me fera honneur? En tombant ainsi au premier entrainement?"Le jeune homme resta au sol, ses blessures le rendant incapable d'obéir a la figure paternelle qui le toisait, un profond mépris au fond des yeux.
"Que j'exécre ta maudite faiblesse, Kerdwain .. tu te dit soldat et tu ne fait que t'allonger au sol comme une catin, au premier coup de lame"Jamais pourtant le jeune homme n'avait prétendu etre soldat. Cela coulait de source, tout simplement. Les enfants d'un fier capitaine de l'Aquilonie, tout auréolé par la gloire de sanglantes victoires en territoire picte, ne pouvaient que devenir de puissants remparts entre la civilisation et le chaos.
"Vas tu enfin te lever, méprisable? Ton frère sert déja son pays depuis 10 ans et toi tu continues à te vautrer dans une faiblesse indigne de moi !"La voix irradiait d'une sourde fureur, et la peur plus que la force poussa le jeune homme a se redresser.
"Ah ! Tout de meme ! Prends ton épée et tiens toi prêt à ..."Il n'entendit jamais la suite, sombrant dans l'inconscience.
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Le jeune homme reprit conscience la ou il était tombé. Son père était parti en le laissant se débrouiller avec ses blessures. "Sur un champ de bataille, personne ne te prendra la main pour t'emmener en sécurité" disait-il.
Ce n'était pas la premiere fois qu'il en était réduit a ramper vers les prêtres. Pas la première fois qu'il devait subir l'humiliation de se trainer, blessé, à travers les rues de Tarantia, en quete de soins. Son père, capitaine respecté dans l'armée régulière, avait obstinément refusé que les soldats de patrouille lui prètent la moindre assistance. Pour l'endurcir.
La convalescence fut plus longue, cette fois, malgré les soins cléricaux. L'entrainement avait été brutal et le vieux capitaine n'avait pas retenu ses coups.
Le jeune homme restait allongé a se demander quand viendrait sa mort. Quand, exédé par le degré de faiblesse de son fils, son père le tuerait au cours de l'entrainement?
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"Je suis de retour, père" S'inclinant devant le vieux capitaine, Kerdwain ne s'attendait certes pas a un débordement d'affection .. mais il ne pouvait certes pas s'attendre au silence glacé qui acceuillit sa déclaration.
Sans mot dire, sans meme le regarder, le vieil homme lui donna un papier, d'apparence austère et officielle. Un rapport Militaire, détaillant la sanglante et dernière victoire de son unique frère qui avait, presque a lui seul, délogé les pictes qui souillaient un défilé d'une importance stratégique majeure de leurs présences. Peu après son exploit, le guerrier avait succombé a de trop nombreuses blessures.
Fermant les yeux, le vieux capitaine pris la parole.
"
Il est douloureux pour un père de perdre son enfant .. Mais c'est la un destin plus souhaitable que d'autres. Les héros meurent, et les laches survivent, Kerdwain. Pars, maintenant. Le seul enfant que j'avais est mort. Le seul que j'ai jamais été fier de considérer comme mon enfant. Pars et ne reviens jamais, tu n'existes plus, à mes yeux."
C'était donc ainsi. Le jeune homme rergarda son père un moment. Se plaindre? Supplier? Pleurer? Inutile .. tout cela ne serait qu'un ultime aveu de faiblesse et ne ferait qu'enrager le vétéran .. la mort serait au bout du chemin.
"Bien, père"Ce fut tout ce qu'il fut capable d'articuler, avant de se retourner et de franchir la porte de la maison familiale.
Dans son dos, pour la première fois sans doute, un pale sourire flotta sur le visage de son père.
Chapitre 2 : RésolutionsLes années qui suivirent ne furent pas tendre, pour le jeune homme. Rester a Tarantia, la cité de sa déchéance était exclu. Jamais il ne pourrait y réaliser ses objectifs
En effet .. aussi tendre et aimant qu'il fut, son père restait son père et son dédain l'affectait profondément. Et la mort de son frère, le seul dont le père tolérait quelque fois la pitié vis a vis de son cadet, encore plus.
Mille fois ressassait-il les mêmes questions. Qu'est-ce qui avait mal tourné? Pourquoi était il resté si faible? Pourquoi ces heures d'entrainements sous la férule paternelle n'avaient-elles pas portées fruits? Que faire pour y remédier?
La réponse aux premières questions lui semblaient évidentes, avec le recul. La volonté. Jamais il n'avait eu la volonté de devenir un guerrier a l'image de son père. A présent, jeté sur les routes, cette volonté brulait en lui, marquant son âme au fer rouge.
Et que faire pour y remédier? Il porta son regard au nord. La Cimmérie. Souvant, son père, lors de ses réprimandes, avait cité en exemple le combattif peuple du nord. Des hommes rudes, voués a la bataille, faisant montre sur le champ de bataille d'une puissance et d'une volonté indomptables. La Cimmérie. C'est la bas qu'il irait. Loin de sa patrie et de l'infamie qui fut la sienne. C'est la bas qu'il s'entrainerait, et qu'il deviendrait l'égal de son frère.
Chapitre 3 : Naissance"Je vous dis que je souhaite m'entrainer !"Les quelque membres du clan Cimméréen ou il faisait étape partirent d'un grand éclat de rire. Personne ne le prendrait-il jamais au sérieux?
Devant son insistance, le plus grand des Cimméréen fendit la petite masse de ses pairs et attrapa le jeune Aquilonnien par le col, le soulevant de terre et lui balayant le visage de son haleine fétide.
'Toi, ma princesse, tu veux t'entrainer? Ah ! commence donc par mettre un peu de viande dans ta misérable carcasse !" Il le secoua rudement et le précipita au sol.
"Je vais faire un marché avec toi, l'Aquilonnien ! Dix fois qu'on t'envoie manger la boue et dix fois que tu reviens à la charge, ca mérite une petite chance. Tu veux t'entrainer? Tu n'es pas assez fort pour cela. Je vais demander au tailleur de pierre de te faire des bracelets .. en pierre, bien lourds que tu portera sans te plaindre aux chevilles et aux poignets pendant un an .. si tu réussis, je t'entrainerai .. et si tu échoue, tu iras te perdre ailleurs que je ne voie plus ta face de bébé."
La réponse de Kerdwain fusa avant meme qu'il ait pris le temps de la réflexion.
"Marché conclu"Et ainsi fut fait, le jeune homme se retrouva paré de la plus lourde joaillerie qu'il lui fut donné de voir.
Apres un jour, il recut moqueries et quolibets.
Au bout d'une semaine, ses allées et venues ne recevaient plus que dédain.
Au bout d'un mois, les Cimméréens semblèrent l'observer avec intéret.
Au bout de quatre mois vint le respect.
Au bout de six mois, ce furent les encouragements quotidiens.
Au bout d'un an, ce fut le grand Cimméréen qui brisa lui-même la gangue de pierre.
"Je suis Eregor .. Maintenant tu es pret et je vais t'entrainer, Kerdwain"Le jeune homme fut surpris de la nouvelle force qui coulait dans ses veines. Sa volonté avait grandit et avait, dans son sillage entrainé la puissance.
"Lache cette petite épée, Kerdwain .. elle est trop petite pour toi. Prend celle ci, elle s'adaptera mieux a ton nouveau corps.."Eregor lui tendait une arme monstrueuse, dont la lame semblait longue comme un jour sans pain .. une arme qu'il manipulerait à deux mains, imprimant une puissance maximale a chacun de ses coups.
L'entrainement se poursuivit de nombreuse lunes, Eregor se montrant un maitre patient, dont le respect lui était déja acquis.
Chapitre 4 : une place dans le monde"Baskar, tire toi de là ! " Beugla le jeune homme, couvert de la tete au pied de sang picte dont sa lame fauchait les vies.
"Mets-toi a couvert, bon sang, si tu veux pas te faire griller par leur chaman"L'apostrophé obtempéra .. non pas par devoir d'obéissance - un cimméréen n'obéirait pas à un étranger; si bien intégré qu'il fut- mais parcequ'il avait appris a ne pas douter du bien fondé des ordres de l'Aquilonnien. Ce gars la, de l'avis du clan, avait le combat dans les veines et s'y entendait pour jouer de jolies mélodies humides de chair déchirée et d'os broyés. Oui, il ne déparait pas dans une melée, sa grosse voix de stentor couvrant les cris d'agonies pour beugler avertissements et encouragements aux siens.
Aux siens ...
"Tu voulais me voir, Eregor?" L'Aquilonnien pénétra dans la tente.
"Tu sais déja, mon ami."Il ferma les yeux.
"Oui, je sais. Je n'aurai pas assez d'années pour te remercier toi et les tiens de ce que vous avez fait pour moi .. mais je ne suis pas de votre sang et ma place n'est pas ici. Je partirai au lever du jour .. mais tu pourras toujours compter sur moi pour revenir aux heures sombres."
Eregor acquieca.
"
C'est bien. Vas, mon ami .. va conquérir ce monde et écrire ton nom en lettres sanglantes sur chacunes de ses pages.'